4e histoire. La révolution des moeurs (XVe-XIX siècles)


A beau cacher, estampe de 1772. Femme urinant au coin de la rue, cachée par son amie. Un coquin au balcon regarde la scène.

 

• Copier la leçon les titres en rouge et le cours en bleu, sans copier ni le noir ni le vert.

• Faire les questions et les exercices : les consignes sont en vert.

• Le manuel : vous pouvez utiliser le manuel chez vous ou le manuel en ligne dans ce lien (on trouve la bonne page en mettant son numéro dans le carré blanc en haut).

Vous m'envoyez une photo ou un scan de cette leçon dans votre cahier de la façon que vous voulez (mais je préfère par pronote).

 

La révolution des mœurs (XVe-XIX siècles)

 

Exercice

Rédiger 5 à 10 lignes où vous expliquerez que les changements dans les mœurs sont liés à des changements sociaux dans lesquels la distinction est un facteur déterminant. Utiliser les mots en bleu et en violet peut vous aider dans votre rédaction.

 

Révolution = changement.

Mœurs = façon de vivre, de se comporter en famille ou en société.

 

Entre le XVe et le XIXe siècles, une révolution des mœurs change la façon dont les gens se comportent dans les actes de la vie quotidienne : se tenir à table, faire pipi et faire caca, se laver (comment se laver et quoi se laver) et s'habiller.

Ces changements ne sont pas dus à un souci d'hygiène : on ne découvre les microbes qu'au XIXe siècle. Il ne sont pas dus à un souci de sentir bon : on avait des parfums. Ils sont dus des changements sociaux qui ont pour moteur le souci de distinction. Alors comment ?

Miniature de 1287 représentant des chevaliers.

• Moyen Age : les chevaliers de la noblesse dominent la société. On les distingue parce qu'ils sont des combattants.

 

François Marot Première promotion des chevaliers de l'ordre de Saint-Louis, 1710. Le roi récompense les officiers militaires, nobles. Même les nobles combattants font partie de la société de cour soumis au roi.

• XVe siècle : les rois ont mis la noblesse sous leur domination, interdisant les guerres et les armées privées. La noblesse, domestiquée à la cour, doit chercher d'autres moyens de se distinguer.

Leur entourage rédige donc des traités de civilité qui expliquent aux jeunes nobles comment se tenir en société pour faire "chic", être distingué et donc se distinguer des autres. On invente les bonnes manières.

« Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville. » (Acte III scène 1) Dans sa pièce Le bourgeois gentilhomme (un gentilhomme est un noble), Molière se moque des bourgeois qui imitent les nobles en prenant l'habit et les manières des nobles : confusion, distinction.

• XVe-XVIIIe siècle : la bourgeoisie et la petite noblesse imitent les bonnes manières de la noblesse de cour. La noblesse de cour doit donc, pour se distinguer des bourgeois, s'astreindre à des bonnes manières encore plus strictes. Ces bonnes manières plus strictes sont à leur tour imitées par la bourgeoisie etc.

• XIXe siècle : avec la fin des privilèges, la bourgeoisie a triomphé. C'est l'ensemble de la société qui adopte les bonnes manières : la petite bourgeoise imite la grande bourgeoisie qui imite l'ancienne noblesse. Ainsi de suite jusqu'au dernier échelon de la société, avec des normes de plus en plus strictes.

• Aujourd'hui : tout le monde a intégré ces bonnes manières. La pudeur nous est naturelle. Nous sommes dégoutés si quelqu'un ne les applique pas. Nous nous dégoutons nous-même si nous ne les appliquons pas. Cette pudeur et ce dégout ne sont pas naturels : ils sont l'héritage de cette longue histoire.

 

Des images

 

Des textes

 

Faire pipi, caca et péter

Il est mal poli de saluer qui urine1 ou défèque2.

Un homme bien élevé ne se laissera jamais aller à découvrir sans nécessité les membres que la nature a associé au sentiment de pudeur3. Si la pudeur interdit déjà de les montrer à des regards étrangers il est encore bien moins admissible de les exposer au toucher d’autrui.

Si un pet sort sans bruit c’est très bien. Cependant il vaut mieux qu’il sorte avec bruit que d’être retenu.

Erasme de Rotterdam De civilitate morum puerilium 1530

1 Faire pipi.

2 faire caca.

3 Ces membres sont ses organes sexuels.

 

Que personne ne s’avise, quel qu’il soit, pendant, avant ou après les repas, matin ou soir, de souiller les perrons, escaliers, couloirs, et chambres d’urine ou d’autres immondices4, mais qu’il ailler faire ses besoins aux endroits convenables et désignés à cet effet.

Braunschweigische Hofordnung 1589

4 Le pipi et le caca.

 

Il [le duc de Vendôme] se levait assez tard à l'armée, se mettait sur sa chaise percée5, y faisait ses lettres, et y donnait ses ordres du matin. Qui avait affaire à lui, c'est-à-dire pour les officiers généraux et les gens distingués, c'était le temps de lui parler.

Saint-Simon, Mémoires, 1706

 

5 Une chaise ayant un trou à travers lequel on fait ses besoins Voir le diaporama.

 

Se tenir à table

A droite le gobelet et le couteau, à gauche le pain.

Beaucoup étendent, aussitôt assis, les mains vers les plats. C’est ainsi que font les loups.

Ne plonge pas le premier les mains dans le plat que l’on vient de servir : on te prendra pour un goinfre et c’est dangereux. Car celui qui fourre, sans y penser, quelque chose de trop chaud dans la bouche doit le recracher ou se brûler le palais en avalant. Tu susciteras les rires ou la pitié.

Si on t’offre quelque chose de liquide goûtes-y et rends la cuiller, non sans l’avoir essuyée d’abord avec la serviette.

Il est discourtois de se lécher les doigts graisseux ou de les nettoyer à l’aide de son habit. Il vaut mieux se servir de la nappe ou de la serviette.

Erasme de Rotterdam De civilitate morum puerilium 1530

 

Autrefois on pouvait tirer de sa bouche ce qu’on ne pouvait pas manger, et le jeter à terre, pourvu que cela se fit adroitement ; et maintenant ce se serait une grande saleté.

Antoine de Courtin Nouveau traité de civilité 1672

 

Se moucher et cracher

Il n’est pas beaucoup poli de se moucher dans la main, si la morve tombe sur le vêtement. Il est de recueillir les saletés du nez dans un mouchoir, en se détournant un moment, si l’on est avec des supérieurs.

Crache en te détournant, pour ne souiller6 ni n’asperger personne. Si quelque saleté tombe à terre, il faut l’écraser avec le pied, pour qu’elle ne dégoûte personne. Si ce n’est pas possible, sers-toi d’un mouchoir.

Erasme De civilitate morum puerilium 1530

 

Autrefois, par exemple ; il était permis de cracher à terre devant des personnes de qualité7, et il suffisait de mettre le pied dessus ; à présent c’est une indécence8.

Antoine de Courtin Nouveau traité de Civilité 1672

6 Salir.

7 Devant des nobles.

8 Sale et impoli.

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